Archéologie : Une année bien remplie

Détails: Catégorie : Actualités; Création : mardi 10 décembre 2013 12:55

Le service archéologique municipal a mené cette année 12 interventions sur le territoire de Beauvais. Les résultats de ces diverses opérations seront présentés, samedi 14 décembre à 14h, à l'auditorium de la Galerie nationale de la tapisserie. (Entrée libre).

Le cloître de la cathédrale

Cette opération archéologique a été menée parallèlement au chantier de restauration du cloître (galeries Sud et Est). L’objectif était d’étudier d’éventuels vestiges avant leur destruction mais aussi d’orienter les choix de restauration ou de mieux comprendre les parties qui sont encore en élévation. Cette intervention a été très fructueuse. Elle a donné l’occasion de compléter très sensiblement les connaissances relatives à cet espace.

La tranchée ouverte dans la cour du cloître, le long des galeries Sud et Est, a permis notamment de dégager un ressaut de fondation composé de pierres en réemplois moulurées et renversées formant une sorte de cordon horizontal assez esthétique dont la base marque le niveau de sol du jardin au XIVe siècle. Les dégagements ont confirmé l’existence de deux galeries, aujourd’hui manquantes, construites au XIVe siècle et vraisemblablement détruites dans le courant du XVIIe siècle.

Les données recueillies au cours de cette opération, associées à celles obtenues ces dernières années, permettent d’envisager l’existence d’un cloître plus ancien (ignoré par les textes anciens), également doté de galeries, qu’il faut associer à l’église de la Basse-Œuvre. Cette dernière constituant les derniers vestiges de la cathédrale construite durant la seconde moitié du Xe ou le tout début du XIe siècle.

La maladrerie Saint-Lazare

Préalablement à l’aménagement d'un théâtre provisoire au cœur de la maladrerie Saint-Lazare à partir de 2014 (et pour la durée du chantier de construction du nouveau théâtre), des fouilles sont menées depuis juillet. Une importante structure maçonnée (16 m de long sur 3 m de large pour une profondeur de 4,50 m) correspondant à des latrines datée des XIIIe - XIVe siècles a été mise au jour. Progressivement abandonnées et utilisées comme dépotoir, ces latrines ont livré un important mobilier céramique, témoin de la vie quotidienne des membres de la communauté. En vue de sa restauration, le bâtiment situé rue Vinot-Préfontaine a été entièrement dégagé. Daté du début du XVIIe siècle, ce bâtiment est entièrement construit en briques avec des chaînages de pierres. Enfin, à quelques mètres du bâtiment, un important cimetière a été découvert en août. Ce dernier, mis en place au cours du XVIIe siècle, est peu conventionnel : il s’agit d’un cimetière de crise, c’est-à-dire un lieu d’inhumations mis en place exclusivement lors de surmortalité en cas d’épidémies, comme la peste, ou de famines. Plus de 370 individus ont déjà été prélevés et leur étude en laboratoire ainsi que des analyses plus poussées pourront fournir des données sur la population inhumée et les causes des décès.

Le lotissement du Tilloy

Dans le cadre de la création du lotissement du tilloy, rue P.-H. Spaak, une opération archéologique a permis l'étude du tout premier aérodrome de Beauvais. En 1922, date de sa création, il ne comportait qu'une piste mais a été agrandi dès les années 1930. Lors de l'occupation allemande, de juin 1940 à juillet 1944, il est intégré à la base aérienne de la Luftwaffe située à Beauvais-tillé, devenue l'actuel aéroport.

Les structures découvertes sur le terrain se composent de six bâtiments dont un comprenait au moins deux pièces et une cave. Cette dernière a livré des restes de fuselage d'avion peints en vert et jaune et portant des léléments peints au pochoir (lettres, symboles…).

Une piste de l'ancien aérodrome allemand, qui s'étendait de l'actuelle avenue Marcel-Dassault jusqu'aux actuels Services techniques Municipaux, a également été observée sur une centaine de mètres. Pour finir, un moteur d'avion a été découvert dans une fosse à rebuts. Il s'agit d'un moteur rotatif à neuf cylindres en étoile de type Gnome et Rhône 9J. Ce moteur, aux nombreuses variantes, a été produit à partir de 1910 et monté sur des chasseurs biplans aussi bien français, anglais, espagnols que canadiens lors de la Première Guerre mondiale.